Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Sentimental/Romanesque
SQUEEN : Résurrection (dix ans après) [concours]
 Publié le 19/12/17  -  14 commentaires  -  17365 caractères  -  129 lectures    Autres textes du même auteur

Paroles
Chanson : Ten Years Gone - Led Zeppelin

Chloé passe la main machinalement sur les petites boursouflures blanches qui lui traversent les poignets. C’est devenu un geste automatique, habituel, ça la recentre, l’empêche de dériver.


Résurrection (dix ans après) [concours]


Ce texte est une participation au concours n°24 : Dix ans !

(informations sur ce concours).



"Then as it was, then again it will be

And though the course may change sometimes

Rivers always reach the sea" Robert Plant in TEN YEARS GONE LED ZEPPELIN

"Comme c’était, ça le sera à nouveau

Et bien que leurs cours puissent parfois changer

Les rivières atteignent toujours la mer" Tentative de traduction (approximative) de l’auteure




Chloé passe la main machinalement sur les petites boursouflures blanches qui lui traversent les poignets. C’est devenu un geste automatique, habituel, ça la recentre, l’empêche de dériver. Cela fait dix ans maintenant qu’un sursaut salvateur lui a évité de mourir. Elle ne sait toujours pas ce qui l’a empêchée de se laisser glisser simplement. Ce qui l’a retenue. Et ce n’est pas faute d’y penser, d’y réfléchir. De retourner à ce moment. Encore et encore. Une ou deux secondes, jamais elle ne saura, elle se rappelle à peine cette impulsion, l’instant précis où cela a basculé, le moment où sa certitude de vouloir en finir s’est changée en un besoin irrépressible de vivre, de respirer. D’être passée aussi près de la mort lui a donné une sorte d’immunité, elle s’est peu à peu libérée de toutes ces choses trop lourdes dont elle s’encombrait, se délestant de fardeaux qui n’étaient pas les siens. Elle ne trébuchera plus, c’est une certitude. À quinze ans elle ne pouvait pas le savoir, maintenant elle sait qu’elle est beaucoup plus forte que ce qu’on lui a laissé croire, petite. Ces dix ans ont été très efficaces, petit à petit elle s’est rendu compte qu’elle avait le droit d’essayer de maîtriser son destin. Sans doute ne devrait-elle plus être vivante, se dit-elle souvent et de penser cela donne encore plus de saveur à sa vie, dix ans déjà qu’elle profite de ce temps volé.


Elle finit de se réveiller, ouvre les yeux, s’étire et pose les deux mains sur son ventre sourire aux lèvres : il a bougé elle en est sûre. Elle se sent puissante, une impression de maîtrise qu’elle ressent rarement. Elle referme les yeux, profite de la sensation, lui permet de l’envahir, c’est tellement agréable. Fugace aussi. Vivante, elle est vivante.


Cela fait dix ans qu’elle a ressenti ce besoin irrépressible de destruction totale de son être, elle sait qu’elle est morte symboliquement dans cette baignoire. Qu’elle en est ressortie différente pleine d’énergie pour se reconstruire. Prête à affronter son univers chaotique. Naître enfin. Et en capacité de donner la vie. Elle ne doit ce bonheur qu’à elle, certainement pas aux nombreux psychiatres et psychanalystes que ses parents désemparés lui ont imposés.


Elle se lève, elle n’aime pas trop traîner au lit. Pourtant elle pourrait. Aucune obligation. Elle s’étire, allume le radiateur, prépare le petit déjeuner, tout ça à son rythme. Elle aime beaucoup ce rituel du matin. C’est son rituel. Personne pour lui dire de s’activer. Elle a le temps et elle le prend.


Chloé replie le lit et dégage la table. Elle prend son bouquin, et sirote son café. Depuis qu’elle sait qu’elle est enceinte elle ne s’en permet plus qu’une tasse. Elle l’apprécie d’autant plus, le fait durer, le respire. Le ciel est gris dehors, elle ne va pas ouvrir le volet tout de suite. Non. Elle profite encore de l’atmosphère chaude de l’habitacle. Elle aime cet entre-deux, elle peut envisager sa journée comme elle veut.


Où est-elle exactement ? Quand elle s’est arrêtée hier la nuit était tombée. Elle était trop fatiguée pour continuer. Elle se rappelle un petit parking sur une route de campagne. Elle n’a pas fait une très longue étape. Vers le Sud, c’est sûr. Elle n’a pas encore passé la frontière. Ce sera son but du jour.


C’est avec cette lenteur si particulière qu’elle s’habille, se rafraîchit sommairement, débarrasse la table. Elle se saisit de la sangle qui pend devant le volet roulant, elle tire, et le fait coulisser dans les glissières. L’arrière du fourgon s’ouvre petit à petit sur le paysage. C’est toujours un enchantement pour Chloé, ce moment où le « monde » apparaît, s’ouvre à elle, cette impression de rentrer dans le réel. Il remplit l’arrière du fourgon. Elle en est quelquefois émue aux larmes. Parvenir à vivre les choses, les émotions, pour elle seulement, est encore difficile elle voudrait partager ce bonheur ; mais elle a appris à vivre avec cette difficulté, il faut qu’elle accepte que ce bonheur soit pour elle, qu’elle le mérite d’une certaine façon, qu’elle en est digne. Mais quelquefois ça déborde. Ici le tableau est naïf et bucolique, ça lui plaît. Conforme à ce qu’elle imaginait : des prés entourés de haies, de chemins creux, de clôtures. Un corps de ferme dans le lointain panache de fumée sortant de la cheminée. Vallonné, humide, ça sent bon la terre lourde et collante. Odeur un peu acide. Malgré la pluie de fin d’hiver qui tombe en crachin, la lumière est belle.


Elle vérifie d’un coup d’œil que tout est rangé, d’un mouvement souple elle sort du camion par l’arrière, referme le volet et le bloque à l’aide des deux antiques verrous, elle fait le tour du fourgon, passe devant une croix de pierre érigée sous des tilleuls, respire profondément l’air humide avant de monter dans la cabine, derrière le volant. Elle adore ça, démarrer et partir elle ne sait pas exactement où, sans autre contrainte que de revenir une fois par mois, actualiser sa situation de « demandeuse d’emploi ». En roulant elle laisse son esprit vagabonder.


._._.


Aménager ce fourgon avec Yann avait été une expérience enrichissante même si déjà elle avait senti les premières failles dans leur entente. Très enthousiaste en apparence, Yann postposait toujours leur départ prétextant une finition, une amélioration indispensable. Ou un dernier chantier qui leur permettrait d’augmenter leurs économies pour le projet. Chloé se rendait compte qu’il était moins convaincu qu’elle et qu’elle, sans doute cachée derrière la grandeur de son idée qui prenait toute la place, n’avait pas vu qu’en fait elle lui imposait ce nouveau départ. Yann n’avait pas les mêmes raisons de partir, s’il le faisait c’était un peu pour l’aventure, mais surtout parce qu’elle le voulait. Quitter la ville n’avait pas été très difficile. Elle n’avait pas hésité même si elle avait eu un peu peur.


Ils étaient finalement partis. Cela n’avait pas été simple : vendre les derniers meubles. Remettre les clés de la maison. Faire le deuil de la vie qu’ils s’étaient imaginée et avaient même commencée. Ils ne la continueraient pas ainsi. Non, décidément ce n’était pas simple. Elle avait gardé sa certitude de faire le meilleur choix. Malgré son entourage qui avait été dans l’incompréhension tant Chloé semblait, dans son excitation et sa volonté de convaincre, les juger : ils étaient ceux qui restent, ceux qui n’avaient pas le courage de tout quitter. Ce départ renvoyait à chacun une image d’engoncement dans des habitudes imposées et lourdes. Pour retenir Chloé ils n’avaient que des lieux communs et des projets poussiéreux à lui proposer, rien qui fasse le poids face à son besoin de liberté et ils s’en rendaient compte résignés.


Apparemment monstres d’égoïsmes, Yann et Chloé ne pensaient qu’à eux et sous cette arrogance apparente et indispensable c’était surtout eux-mêmes qu’ils se devaient de convaincre. Et voilà, ils en étaient finalement là, les derniers adieux faits, au volant d’un vieux camion qu’ils avaient aménagé avec enthousiasme pendant des semaines et qui serait leur nouvelle et unique maison pendant un temps volontairement indéfini. Direction le Sud de la France, direction les montagnes, la nature préservée. Ils pensaient tous les deux rouler vers leurs vraies vies…


Mais Yann ne s’adaptait pas, ça ne lui convenait pas cette multitude des possibles. Cette incertitude érigée en choix de vie. Chloé ravie pensait qu’il ne pourrait qu’être atteint par la magie de cette liberté, balisée certes, mais tout de même : plus de trois semaines par mois à faire rigoureusement ce qu’on veut. Rouler ne pas rouler, tourner à gauche, à droite, vers le sud ou le nord, ça l’étourdissait ces choix : elle dirigeait sa vie au propre comme au figuré… Le souci pour Yann, c’était que ce faisant elle dirigeait aussi la sienne de vie, et pas comme il l’aurait voulu. Il était perdu sans ses habitudes et sans argent : être économe sur tout ne lui plaisait pas. Il ne percevait pas la richesse de leur nouvelle vie mais plutôt sa pauvreté. Petit à petit des divergences apparurent, Yann prenant n’importe quel prétexte pour écourter leur voyage. Plus Chloé était heureuse et épanouie plus Yann devenait taciturne et aigri. Il prenait ombrage du bonheur de Chloé, de ses petites joies enfantines auxquels il ne participait pas, ce dépouillement qui permettait cette liberté il le ressentait comme un manque, un « étriquement », il ne se satisfaisait absolument pas de cette vie et la joie de Chloé ne suffisait plus à effacer sa frustration à lui : tout lui manquait, la ville, la télé, les sorties, les copains, la salle de sport et même ses parents. Ce projet auquel il avait adhéré pour Chloé finissait par l’exaspérer totalement, il n’en vivait plus que les contraintes ; leur relation s’essoufflait. Plus que tout il ne supportait pas de voir Chloé heureuse alors que lui ne l’était pas, qu’elle ne souffrît pas de le savoir malheureux, que cela n’entamât pas sa joie de vivre était pour lui incompréhensible et insupportable.

Après quelques mois Chloé dut bien admettre qu’elle ne pouvait pas imposer à Yann sa vision du bonheur. Elle ne put renoncer à son projet et renonça donc à Yann. Elle le laissa la quitter juste après les fêtes de Noël. Elle avait eu sa dose de famille, de cadeaux, de nourriture, d’alcool, d’excès en tout genre ; lui pas. Ce fut la deuxième étape, obligatoire elle aussi. Elle ne ressentit aucun regret, depuis des années elle mettait en place les éléments de sa vie, calmement.


._._.


La troisième étape l’a surprise, elle n’était pas prévue mais constituait sans doute le changement le plus important. Un mois et demi après leur rupture, elle se rendit compte qu’elle était enceinte. Elle savait que Yann était retourné avec beaucoup d’enthousiasme à son ancienne vie, pour s’étourdir sans doute après cet échec. Il sortait donc beaucoup et avait renoué avec son cercle d’amis, qui l’accueillirent à bras ouverts et ne lui tinrent pas rigueur de ce moment d’arrogance regrettable dont il n’était finalement pas, de son propre aveu, totalement responsable. Avis unanime : il s’était fait embobiner par cette fille étrange et même pas sexy qui n’avait jamais pu vraiment les apprécier.


Chloé eut plusieurs longues discussions avec Yann, il n’en démordit pas, refusant d’avoir un enfant dans ces conditions. Pour lui leur relation c’était déjà de l’histoire ancienne et au vu du soulagement qu’il avait ressenti en retrouvant son ancienne vie, il sut qu’ils avaient fait le bon choix. Chloé en était convaincue elle aussi, mais par contre elle ne voulait absolument pas avorter. Pour elle c’était absolument hors de question. Elle se sentait totalement capable d’élever seule son enfant, pour lequel elle ressentait déjà un amour infini. Elle voulait aller au bout de ça aussi. Ils se quittèrent donc en très mauvais termes. Yann ne put que subir une fois de plus le choix de Chloé. Il était furieux. La décision de Chloé était prise. Ce surcroît de vie lui plaisait. Elle n’avait plus peur de rien. Et aucune nostalgie.


._._.


La voilà à la frontière, son passage est symbolique personne pour vérifier quoi que ce soit. Le camion est vieux, il n’est pas rapide et donc totalement adapté à la conception que Chloé se fait de la vitesse, du rythme de sa vie, elle s’y est attachée. C’est un ancien fourgon de vitrier avec une caisse en aluminium qui a des dimensions parfaites pour l’aménagement, suffisamment de hauteur pour que l’on puisse s’y tenir debout. Elle a choisi de le peindre en bleu pour qu’il se confonde avec le ciel, l’effet de discrétion escompté n’est pas réussi, mais c’est joli. Elle se souvient avoir dû tenir bon sur ce choix Yann n’étant pas convaincu.


L’intérieur est un assemblage plutôt réussi de meubles disparates, ses meubles découpés et mis à la mesure de ce nouvel intérieur. Des fenêtres ont été créées. Mais ce qui les a décidés à acheter ce camion-là et pas un autre, c’est le volet roulant qui ouvre tout l’arrière de la caisse et qui permet de se sentir dans le paysage, quand à l’arrêt le nez du camion pointe vers la route. C’est étonnant comme de vivre dans neuf mètres carrés agrandit l’horizon.


._._.


Depuis qu’elle sait qu’elle est enceinte sa réalité, son monde, se sont empreints d’une intensité incroyable. Un fantastique bouleversement s’est opéré dans sa perception des choses, rien n’a changé autour d’elle mais elle voit tout différemment. Et c’est agréable. Putain, oui c’est agréable. Elle se doit de rendre le monde plus accueillant pour son enfant, sa solution c’est de le colorier, de décaler son regard pour qu’il soit plus beau. Sa méthode qu’elle peaufine depuis sa « renaissance » c’est d’abord de se prouver à elle-même que le bonheur est possible, accessible. Si elle peut le croire, le ressentir elle pourra transmettre cette vision à son enfant. Elle ne se raconte pas d’histoire, il faut qu’elle voie le beau pour pouvoir lui montrer, lui transmettre le beau. Et donc elle le cherche, le débusque partout où elle peut : ici un paysage, là une rencontre. Un insecte peut la transporter d’émotion. Ce qu’elle ne se lasse pas de découvrir, d’explorer c’est la générosité de la nature, avec ou sans intervention humaine : cueillette de champignons, ramassage de pommes, poires. Elle glane tout ce qu’elle peut. S’étonnant de toutes ces richesses abandonnées, négligées. Dans sa vie d’avant tout cela lui était inconnu. Toutes ces choses qui paraissent futiles à la partie de l’humanité dont elle est issue et, qui deviennent peu à peu primordiales et indispensables à son équilibre. Elle change son interprétation du monde et elle sent que doucement ça devient possible de vivre et de donner la vie. Peut-être que ce sont des mécanismes instinctifs de survie qui se mettent en place, peu lui importe ; cette impression d’être en adéquation avec son environnement, enfin en prise directe avec le présent, lui fait un bien fou.


Exaltée, heureuse, elle revoit son parcours, en dix ans elle s’est trouvée, elle est capable d’être au monde au point d’envisager naturellement de donner la vie. Incroyable, à quinze ans elle se faisait violer à la sortie d’une soirée, « bêtement ». Subissait la séparation de ses parents, la culpabilité d’être une mauvaise fille. Échec scolaire, impossibilité de rester en classe. Elle était in extremis sauvée d’une mort par suicide. Elle avait connu les drogues, les nuits blanches, les étourdissements de l’alcool, des excès en tous genres. Comportements suicidaires, volonté d’anéantir son corps de s’abîmer de se faire mal physiquement de se perdre. Cela doit être inné cette faculté de se relever plus forte à chaque fois. Elle s’en émeut souvent, elle avait ça en elle, cette capacité à être simplement, elle le découvre seulement maintenant, s’il fallait en passer par là pour atteindre ce niveau de plénitude, ça en valait la peine.


La radio passe une chanson, « Ten years gone » de Led Zeppelin. Un de ses groupes préférés, elle l’a découvert avec beaucoup d’autres grâce à sa sœur aînée. Elle se rappelle les soirées à écouter une émission rock à la radio dans la chambre d’Elena, rien ne s’était encore passé elle avait treize ans et sa sœur de deux ans son aînée la fascinait. La vie était belle. Chloé sourit et se met à chanter, à hurler pour couvrir le bruit du moteur, avec Robert Plant et se rend compte qu’à l’époque elle n’avait pas compris les paroles, ce qu’elle en comprend aujourd’hui lui plaît énormément.


"Sur les ailes des possibles, de jeunes oiseaux de proie

Me font parfois sentir comme si je n’avais pas à grandir

Mais comme pour l’aigle qui quitte le nid, il y a un long chemin à parcourir"


Et aujourd’hui la vie est belle à nouveau. Elle sait où elle veut aller cette fois-ci : les Cévennes. En cette saison elle devrait y trouver des champignons. C’est sa nouvelle passion les champignons. Donc ce sera Florac et puis le mont Aigoual. Par les petites routes ça devrait lui prendre deux ou trois jours. Elle s’attend à de la pluie et du vent, mais ce climat rude ne l’arrête pas, elle aime ressentir les éléments, se sentir en sécurité dans son camion. Il va falloir qu’elle se trouve un endroit où s’installer pour un certain temps. Avec un bébé elle devra se sédentariser, trouver du travail ; ça ne lui fait pas peur. Elle n’envisage pas de retour en arrière, il lui serait impossible de revenir vivre en ville. Elle met la musique à fond, le paysage défile lentement, elle se sent tellement bien, tellement sereine ; toute la vie devant elle.


"Les yeux ne brillent-ils pas, alors que les sens s’enflamment

Goûte à l'amour le long de la route, regarde tes plumes se lisser

Dix ans ont disparu, tiens bon, dix ans ont disparu"


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   GillesP   
1/12/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Au début, j'ai été intrigué par ce texte, par cette première scène où Chloé se réveille. On ne sait pas très bien où on se situe, ce n'est qu'au bout de quelques paragraphes que l'on comprend quelle est sa nouvelle vie. Je me suis dit: poursuivons. Mais après, je n'ai pas été emporté par l'histoire: Chloé a eu une liaison, d'accord. Elle et Yann ont fini par se quitter, soit. Elle attend un enfant, bien. Elle est heureuse. Et... et rien, en fait. L'histoire, au final, est bien banale et assez mièvre: cette jeune femme a connu une enfance difficile, mais elle a fini par trouver sa voie, son chemin personnel. C'est très cliché, je trouve. Et la symbolique autour de l'enfant qu'elle attend, elle qui a frôlé la mort, manque fortement d'originalité, selon moi.

Quant à l'écriture, j'ai été au départ attendri par certaines tournures, syntaxiquement incorrectes, en pensant que c'était des effets de style, de façon à donner un rythme particulier à certaines phrases. Mais par la suite, je me suis demandé si ce n'était pas simplement des maladresses. La ponctuation assez aléatoire, les quelques fautes d'orthographe et les problèmes de concordance de temps m'ont fait pencher vers cette dernière interprétation.

Le lien avec le thème du concours, à présent: j'ai trouvé que la chanson n'était là que pour faire joli, au final. Elle intervient dans la nouvelle d'une manière artificielle, comme si elle avait été ajoutée après coup pour correspondre au thème imposé.

Je suis sans doute un peu dur, mais cela doit être dû à la déception que j'ai éprouvée au fil de ma lecture: en effet, je me répète, mais j'ai vraiment été intrigué par le début. J'ai trouvé qu'il y avait un je-ne-sais-quoi de charmant. J'ai donc d'autant plus été déçu par la suite.

   vb   
2/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Merci à l'auteur d'avoir écrit la suite d'une nouvelle que j'avais beaucoup aimée il y a quelque temps déjà. Cela m'a fait plaisir de lire les nouvelles aventures de Chloé dix ans plus tard.
J'ai reconnu cette belle écriture comme par exemple
"Cela fait dix ans qu’elle a ressenti ... Naître enfin."
ou encore
"Vallonné, humide, ... la lumière est belle."
On ressent bien la concordance entre le ressenti de l'héroïne et la nature environnante.

Par contre, certaines phrases devraient être réécrites comme
"Parvenir à vivre les choses, les émotions, pour elle seulement, ... qu’elle en est digne." où le "pour elle seulement" qui rend la lecture difficile.
ou
"Un corps de ferme dans le lointain panache de fumée sortant de la cheminée." où j'ai eu difficile de comprendre s'il manquait un point ou si le mot panache était un verbe.
ou encore
"Malgré son entourage qui avait été dans l’incompréhension tant Chloé semblait, dans son excitation et sa volonté de convaincre, les juger..."
qui est un peu lourdingue.

Pour ce qui est de la structure du texte j'ai eu difficile de comprendre quelles étaient les deux premières étapes lorsque j'ai lu "La troisième étape"

J'ai aussi commencé à trouver le temps long lorsque le narrateur nous explique le cheminement intellectuel de Yann et pourquoi il décide de quitter Chloé. J'ai eu l'impression qu'on aurait pu faire plus court.

Quant au thème du concours, je n'ai pas eu vraiment l'impression qu'il était respecté. L'auteur répète plusieurs fois que l'héroïne compte les années depuis sa tentative de suicide; mais cela ne m'a pas convaincu. J'ai l'impression qu'une tentative de suicide, on essaye plutôt de l'oublier que de fêter son anniversaire. Le thème de la chanson de Led Zeppelin ne correspond pas non plus vraiment à la nouvelle puisqu'il s'agit d'une chanson d'amour et qu'ici le seul amour durable (peut-être) est celui entre Chloé et son bébé.

   plumette   
2/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voilà une belle histoire de "renaissance". Je préfère ce mot à celui de résurrection qui est pour moi trop connoté religieusement. Et puis ce mot contient aussi la promesse de ce qui grandit dans le ventre de Chloé.
Arrivée à la fin du texte ( du fait de l'évocation du viol) je crois bien avoir retrouvé "dix ans plus tard" cette Chloé qui annonçait son suicide à la fin d'une nouvelle que j'ai eu l'occasion de lire ici. j'en ai ressenti un certain plaisir. L'auteur a donné une seconde chance à cette jeune fille intelligente qui a fait un long chemin pour être elle-même et trouver le "sel de la vie" dans le fait de se laisser vivre l'imprévisible.

Une belle écriture, un savoir faire dans la description des ambiances, une sensibilité qui affleure constamment.

je me suis demandée quelle frontière géographique avait passé Chloé?

ça y est je me suis attachée à cette jeune femme et je serais contente de lire la suite de son chemin!

Le passage concernant sa relation avec Yann m'a paru un peu long, ou plutôt, j'ai eu l'impression que ce zoom arrière me sortait trop de l'ambiance road moovie.

Plumette

   Tadiou   
4/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
(Lu et commenté en EL)

C’est un ensemble de pensées « positives », de
« bons sentiments », de projets optimistes ; en lien avec la chanson.

Mais ces pensées de la narratrice Chloé, mille fois martelées, ces descriptions, ces répétitions, me semblent lourdes, sans charme, comme scolaires.

Dommage de ne voir Yann qu’à travers les yeux et les pensées de Chloé. Cela fait unidimensionnel, à mon avis.

Le style m’apparaît comme lourd, avec certaines phrases désagréablement longues.

Comme « il ne se passe pas grand-chose », pas de rebondissement, pas de surprise, il aurait fallu que l’écriture crée le charme et la magie : pour moi il n’en a rien été.

En tout état de cause, merci pour cette lecture et à vous relire.

Tadiou

(Je sais qu’il est demandé de ne pas tenir compte, en EL, des fautes d’orthographe, mais 2 fautes d’orthographe dans le titre composé de 12 lettres, ça me gêne quand même…)

   Thimul   
8/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Description d'une renaissance.
Je trouve qu'au début que le texte peine à trouver son rythme.
Et puis finalement ça se pose et il commence à se dégager une certaine musicalité de l'ensemble.
Le texte est peut-être un peu trop long avec une sorte de ronronnement qui est venu me prendre un peu avant la fin.
Le tout est bien écrit.
Merci pour le partage.

   Donaldo75   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Je suis rentré progressivement dans cette histoire bien racontée. La narration est fluide, malgré des phrases parfois un peu longues. Le désaccord entre Chloé et Yann illustre bien la rupture entre la vie choisie par la jeune femme et les conventions sociales et consuméristes. De cette façon, le choix de Chloé parait encore plus abrupt, compréhensible certes mais difficile donc courageux.

La chanson de Led Zeppelin est bien amenée.

Bravo !

Donald

   Louison   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'ai trouvé là un joli récit de renaissance, mais beaucoup de longueurs.
Je pense qu'il faudrait couper un peu dans ce texte.

Cependant une lecture agréable.

   Jean-Claude   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour.
La chanson, quasi-inexistante durant le texte, est bien intégrée dans la fin.
Je ne dis pas final car ce sont plus les reflets d'une méditation, non dénuée d'émotion, qu'une histoire à proprement parler.
Il n'y a donc, pas de chute, mais c'est normal.
Sinon, cela se laisse lire.
Bonne chance.

   Bidis   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le début m'accroche tout à fait : il y a du fond, il y a du style.
Mais pourquoi revenir sur l'évocation de la tentative de suicide une fois qu'elle est réveillée ? S'il y a dans ces phrases des informations importantes, j'aurais simplement étoffé le premier paragraphe. Je trouve que revenir sur ce souvenir après qu'elle se soit réveillée est inutile et ça me gêne. Par contre, la suite de ma lecture m'enchante. J'aimerais bien partir sur les route dans un camping-car, moi, donc ça me fait rêver. D'autant que l'écriture est plaisante, imagée.
Tout le flash back jusqu'au passage de la frontière me semble lourd. On n'a pas passé assez de temps avec le personnage pour déjà faire un flash back. Autre chose aurait été si Yann était intervenu dans la scène que l'on est en train de vivre et peut-être faire une discussion où le passé aurait été évoqué à demi mot de façon à ce que le lecteur comprenne ce qui se joue entre les personnages.
Mais on a à peine passé la frontière que l'on se retrouve dans un nouveau flash back. Et le présent avec la chanson à la radio est à peine évoqué.
La chute ne m'a pas intéressée puisque l'évocation du passé ne m'a pas intéressée non plus.
Dommage.

   hersen   
21/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Indéniablement, il y a quelque chose dans cette nouvelle. mais il y a trop de longueurs, et ceci dès le début et jusqu'à la fin. Il est assez difficile en littérature de faire du bonheur une non-histoire, ce que l'auteur fait ici. c'est l'écriture, le style, qui alors va faire vivre le récit de l'intérieur, puisque c'est le narrateur qui est impliqué tout au long.
Donc, même si une explication permet de cerner l'environnement de la voyageuse, cette explication ne doit pas remplacer l'histoire et j'ai un peu l'impression que c'est ce qui est fait ici et c'est dommage.
Ceci dit, il y a quelque chose de très touchant que cette femme qui prend la route sans se soucier du but.

Merci de cette lecture,

hersen

Edit : je remonte mon évaluation car ce texte laisse sur moi une empreinte; malgré les défauts cités plus haut, il y a vraiment quelque chose qui me touche; cela sonne très vrai et je me retrouve un peu...

   toc-art   
27/12/2017
Bonjour,

J'ai apprécié ce récit que je qualifierais de contemplatif. D'où une certaine langueur dans la narration qui la rend parfois un peu monotone mais qui, paradoxalement, lui confère une certaine ambiance et une vraie densité.

Question style, certaines phrases mériteraient d'être allégées ou simplifiées, même en gardant à l'esprit qu'elles sont censées suivre fidèlement les méandres de la pensée du personnage.

Et puis j'ai bien aimé l'idée de retrouver un même personnage dix ans après, même si les conditions du suicide m'ont semblé légèrement différentes.

Bravo pour votre participation au concours.

   Anonyme   
29/12/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Au printemps dernier, sur un parking d'autoroute, j'ai vu une nana qui prenait une pause avec son berger allemand laissé libre d'aller où bon lui semblait. Elle avait un look génial, une coupe de cheveux faite elle-même avec les moyens du bord, des fringues baba cool un rien défraîchies, elle avait sans doute déjà atteint la quarantaine. Puis elle est remontée dans son vieux camion repeint à la main de fresques improbables et elle est repartie.
Cette fille était votre Chloé sans doute.
J'ai adoré votre histoire, si réaliste, si tentante. Il y a quelques personnes, inconscientes, illuminées, courageuses,... en tous cas libérées, qui sautent le pas et quittent une forme de vie dénaturée, ancrée dans trop de fausses valeurs. Je les admire et les envie.
Je me suis laissé porter par votre texte. Oui, sans doute, il y a des erreurs, des trucs un rien bancals à droite ou à gauche, une virgule qui manque par ci, par là, mais qu'importe si la magie nous emporte.
J'ai cru à ce qu'elle ressentait, votre Chloé, j'ai vu qu'elle ne pouvait rien faire de mieux que de quitter son mec, qu'elle ne pouvait pas choisir entre la vie et la vie qui grandissait en elle. J'ai bien senti qu'elle s'était libérée, qu'elle s'était éveillée.
Dommage qu'elle ait vécu tant d'horreurs pour y arriver.
Si j'ai tant accroché, sans doute est-ce parce que l'émotion, la vérité, étaient là, entre les mots.
C'est donc pour moi une réussite.
J'ai aimé votre texte, comme on aime courir dans les friches d'une nature imparfaite, je me suis même dit que la vraie vie était là, dans l'imparfait de la liberté.
Un grand merci pour cette nouvelle qui m'a donné un grand bol d'air, comme un souffle de vie.
Mille bravos.

   SQUEEN   
2/1/2018

   siracolan   
19/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai eu un peu de mal à terminer la lecture. Peut-être trop de longueur, un peu de lourdeur. Elaguez, sans doute, incarnez davantage sans avoir peur de la simplicité. J'ai eu aussi du mal à ressentir la liberté, l'enthousiasme de Chloé à mes yeux trop recouvert d'un pastel désenchanté.
Pour autant, il y a quelque chose qui bat quand vous écrivez et quand on vous lit. Et c'est bien là le principal.


Oniris Copyright © 2007-2023